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la terreur en macédoine

tout. La Macédoine, qui semblait morte, frissonne, s’agite, va s’éveiller.

Les patriotes vont toujours, apôtres sublimes que rien n’arrête, ne rebute ni n’effraye. À leur voix, les paysans s’organisent dans l’ombre. De petits contingents se forment, prêts à partir au premier signal. On cache les armes et des vivres. On donne jusqu’au dernier sou pour acheter des munitions et de bizarres engins de mort.

En dernier lieu, la petite troupe se trouve à Koumanova, dans une maison appartenant à des parents éloignés de Panitza. Arrivés à la nuit, avec armes et bagages, Joannès, Nikéa et les quatre hommes n’ont pas eu le temps matériel d’organiser un faux semblant de défense, quand Marko et ses bandits ont donné cet épouvantable réveil aux habitants.

Le massacre les prend à l’improviste. Impuissants et navrés, ils assistent à l’égorgement et doivent penser à eux-mêmes, en l’absence de tout préparatif. Ils possèdent chacun un martini avec un revolver et environ cent cartouches par arme. La maison renferme quelques provisions. Juste de quoi ne pas mourir de faim pendant quelques jours.

Mais les égorgeurs vont assaillir leur refuge. C’est miracle qu’ils n’aient pas enfoncé déjà les portes.

« Il faut faire de cette demeure une véritable forteresse, dit Joannès qui pense à tout.

— Mais comment ? interroge Nikéa.

— Vite !… vite !… des pierres… autant de pierres que nous pourrons en trouver…

« Tenez… ces dalles qui pavent la cour… il faut les arracher ! »

Avec les barres de fer qui maintiennent les portes