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la terreur en macédoine

« Allons !… allons !… suivez-moi… retournons là-bas et enlevons cette bicoque.

« Les gens qui la défendent sont braves ?… Tant mieux ! Par Allah ! je vous promets un spectacle qui couronnera dignement cette grande et juste exécution de giaours. »

Aussitôt le vali saisit une poutre, la soulève sans effort, la met sur son épaule et crie à pleine poitrine :

« En avant !… en avant ! »

Excités par sa vigueur et sa magnifique prestance, emballés par son intrépidité, sopadjis et zaptiés se serrent autour de lui et vocifèrent :

« À mort !… à mort !… »

Les défenseurs de la maison les laissent approcher sans se montrer, sans faire un mouvement.

« Vous voyez bien !… ils n’osent plus… »

Prêchant d’exemple, se prodiguant avec une témérité folle, Marko se rue, la poutre sur l’épaule, bien équilibrée, un bout en avant.

Lancé avec une force inouïe, le madrier frappe la porte en plein milieu. Le choc est si violent que les planches se désarticulent. Panneaux, traverses, gonds et serrures sautent avec fracas.

« En avant !… tue !… tue !… en avant !

— Pas de quartier ! mes braves… pas de quartier !… » hurle le vali en laissant tomber le madrier désormais inutile.

Un éclat de rire d’une ironie cinglante vibre au-dessus de sa tête. Un de ces rires plus exaspérants et plus insultants qu’un soufflet.

Chefs et soldats demeurent abrutis, stupides, les bras ballants, les jambes cassées devant… un mur !…