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la terreur en macédoine

« Aman !… aman !… pitié… pitié… pour ces malheureux qui ne vous ont rien fait. »

Ils se mettent à rire, l’empoignent par sa longue barbe blanche et se demandent :

« Que faut-il faire de lui ?

— Si on l’écorchait tout vif… pour varier ?

— Oui ! mais ça sera un peu long…

— Peut-être… mais si amusant !

— Non !… pas long !… j’ai été boucher… je sais enlever à une bête sa peau… à un homme, c’est pas plus difficile…

— Eh bien ! va. »

Le vieillard est garrotté, couché à plat sur un banc, et l’horrible besogne commence. Des cris affreux échappent au martyr, pendant que, d’une main experte, le bandit décolle, à petits coups précipités, le derme sanglant.

Les autres s’esclaffent bruyamment en rires ignobles. D’autres encore pourchassent à travers l’église les réfugiés, les lardent à coups de baïonnette, les assomment avec leurs massues ou les égorgent comme du bétail saigné à blanc !

Ces massacreurs se montrent tortionnaires de génie par les raffinements de férocité dont une cervelle humaine paraîtrait incapable.

Une mère défend son nourrisson avec une énergie, un courage, un mépris de la mort vraiment sublimes. Elle griffe, elle mord, elle tend les bras devant l’adorable petite créature qui vagit et se tord. Les mains tailladées de la mère sont rouges. Les doigts pendent à demi tranchés. Les bras sont hachés.

L’admirable femme tient bon toujours, prolongeant de quelques minutes tragiques la vie de son petit. Elle