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la terreur en macédoine

que tordent des spasmes effrayants, les suspendent aux crocs de la devanture par le menton, et rient de leurs contorsions dernières !

Tel est le prologue de cet égorgement en masse qui va faire la tache non pas d’huile, mais de sang, et s’étendre sur la ville, la province, la région entière !

Cependant, les collecteurs parcourent vivement la ville et marquent, à la craie, les maisons musulmanes.

Quelques habitants attirés par les clameurs sortent, curieux, ne sachant pas ce qui se passe. Leurs portes n’ont pas la marque préservatrice. Les massacreurs inactifs jusqu’alors les saisissent par cinq ou six.

« Pas besoin de confesser Allah !… tapons, camarades… oui ! tapons ferme. »

Ils tordent les prisonniers qui se débattent en hurlant. Ils les jettent à plat ventre ou les plient sur les genoux.

Pôf !… pôf !… dés coups de massue tombent sur les nuques… Les yeux roulent dans les orbites, les cris s’arrêtent, les membres frissonnent…

Les bandits s’acharnent, martelant à tour de bras les crânes. Les cervelles jaillissent, éclaboussent les pavés, se répandent en masses visqueuses… Les têtes aplaties n’ont plus de forme ! Il en est qui, sous les coups répétés, se détachent du tronc !

Marko, flairant le carnage, s’en va d’un groupe à l’autre. Les narines dilatées, la lèvre crispée, il fume cigarette sur cigarette, et crie :

« Bien ! mes braves !… très bien… continuez ! c’est… c’est pour la gloire d’Allah !… c’est pour la sécurité du Padischah notre maître ! »