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la terreur en macédoine

fait sauter à dix pas la tête du général dont le corps décapité reste un moment immobile, en selle, sous la pluie rouge du sang qui jaillit dans un dernier spasme du cœur !

Il fait saler cette tête et l’envoie à Constantinople dans un sac plein d’or, avec un parchemin portant ces mots :

« A trahi le Padischah, notre maître, que Dieu garde !… Conspirait avec les chrétiens ! »

Cette sauvage répression fait pousser aux troupes des cris d’enthousiasme. Puis, après le défilé, Marko, qui ne veut pas laisser refroidir sa popularité, fait distribuer à chaque soldat une piastre forte. Maintenant, il ne se passe point de jour sans que les chrétiens soient malmenés, pressurés, martyrisés et, par surcroît, dénoncés à Constantinople :

C’est une obsession, une maladie, une fureur. Méfaits des chrétiens, trahisons des chrétiens, violences dés chrétiens, complots des chrétiens. Les rapports succèdent aux rapports. Tant et si bien que le sultan, harcelé, menacé, hypnotisé, de guerre lasse, n’en pouvant plus, finit par dire :

« Ah ! que l’on me débarrasse donc de ces misérables chrétiens qui empoisonnent ma vie ! »

Là-bas, les chrétiens, dont l’existence est réellement atroce, protestent, se plaignent, demandent justice.

Naturellement leurs doléances ne servent qu’à augmenter la rage des persécuteurs qui, de plus en plus et de proche en proche, s’acharnent contre eux.

Marko, lui, fait école. On le cite comme un modèle. Sa faveur excite l’émulation des autres gouverneurs qui veulent, eux aussi, gagner les bonnes grâces du maître, sur le dos des chrétiens.