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la terreur de macédoine

Ils sont environ quatre cents, résolus, vigoureux, tannés par le hâle, moustachus comme des reîtres, et n’ayant des placides paysans que l’humble livrée.

Cependant, de l’intérieur du palais, on accourt au vacarme. Avec une présence d’esprit et une vigueur inouïes, Marko culbute le grand bureau d’ébène et le dresse contre la porte. Derrière, il entasse les divans et forme une barricade solide.

Il ramasse les deux revolvers servant de presse-papiers et revient à la fenêtre.

Ces quelques moments ont suffi pour transformer les âniers en combattants formidables.

Chacun d’eux a éventré l’un des ballots portés par les baudets. Le ballot de toile couvert de sparterie contient un arsenal, fusil Martini, sabre, kandjar, revolver et cartouchières bourrées de cartouches.

Pour la seconde fois Marko s’écrie : « À moi ! »

Puis, avec l’agilité d’un gymnaste consommé, il s’élance de la fenêtre sur la place. Un long cri d’enthousiasme l’accueille, pendant que des coups sourds ébranlent la porte qui tient bon. Sans perdre un moment, il pénètre dans le vestibule, alors qu’on le croit là-haut, en discussion orageuse avec le pacha.

L’officier qu’il a crosse du pied se trouve devant lui. Avant qu’il ait le temps de faire un mouvement, Marko lui brûle la cervelle. Un autre se présente. Un coup de feu en pleine poitrine l’abat raide mort.

Aux détonations accourent les soldats du poste. Ils essayent un simulacre de défense. Mais ils trouvent devant eux un triple rang de fusils prêts à vomir la grêle de balles.

« Bas les armes ! hurle Marko de sa voix claironnante.