hissent la rivière : Parvenus de l’autre côté, ils sortent ruisselants et s’arrêtent indécis.
« Devons-nous aller de suite à Salco ? dit Joannès en hésitant.
— C’est dangereux, avec ces maudits uniformes, répond Michel.
— Oui, ajoute Panitza, surtout après le massacre de l’escadron, le pays doit être bouleversé, avec des patrouilles de tous côtés.
— Alors, que faire ?… attendre la nuit, pour nous procurer des vêtements civils ?…
— Mais si le pays est occupé par les Turcs ?…
— Laissez-moi agir, interrompt avec résolution Nikéa.
« Je vais aller seule à Salco… je verrai… je me rendrai compte de la situation et je reviendrai avec des renseignements précis.
— Mais il y a du danger, et je ne voudrais pas te savoir en péril sans être à tes côtés.
— Rassure-toi !… tout, cela n’est rien… je n’éprouverai aucune crainte au monde, après les horreurs dont nous avons été victimes…
— C’est juste ! nous ne pourrons courir de plus grands dangers ni endurer de plus cruelles souffrances.
« Va ! chère enfant, et qu’il soit fait, pour notre salut commun, ainsi que tu le veux.
— Au revoir, et ne crains rien ! »
Ils la regardent s’éloigner, vaillante comme le soldat le plus aguerri. Et les heures s’écoulent. Heures d’attente, de fatigue, de faim, d’énervement et qui peu à peu s’aggravent d’angoisse et d’épouvante. La nuit vient, et Nikéa tarde bien longtemps.