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vées. Eux aussi furent trompés en voulant y mordre ; on les vit courir près du feu pour les faire dégeler, mais elles fondirent comme de la glace. Pendant ce temps-la, d’autres vinrent me demander où je les avais eues ; je leur montrai le bois, ils y coururent, et, après avoir cherché, ils revinrent me dire qu’ils n’avaient rien trouvé. Eux furent bons pour moi, car ils avaient fait cuire plein une marmite de sang de cheval, et m’invitèrent à y prendre ma part. C’est ce que je fis sans me faire prier. Aussi, me suis-je toujours reproché d’avoir agi de cette manière. Ils ont toujours cru que je les avais trouvées dans le bois ; jamais je ne les ai désabusés. Mais cela n’est qu’un échantillon de ce que nous verrons plus tard.

Après une heure de repos, la colonne se remit en marche pour traverser le bois où, par intervalles, l’on rencontrait des espaces où se trouvaient quelques maisons habitées par des juifs. Quelquefois ces habitations sont grandes comme nos granges et construites de même, avec cette différence qu’elles sont bâties en bois et couvertes de même. Une grande porte se trouvait à chaque extrémité ; elles servaient de poste, de manière qu’une voiture qui entre par une, après avoir changé de chevaux, sort par l’autre ; il s’en trouve presque toujours à trois lieues de distance, mais la plus grande partie déjà n’existait plus ; elles avaient été brûlées à notre premier passage.