Page:Bourgogne - Mémoires du Sergent Bourgogne.djvu/346

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XI

Séjour à Elbing. — Madame Gentil. — Un oncle à héritage. — Le 1er  janvier 1813. — Picart et les Prussiens. — Le père Elliot. — Mes témoins.


Nous allâmes, sans perdre de temps, à l’Hôtel de Ville, afin d’avoir des billets de logement. Nous le trouvâmes encombré de militaires.

Nous y remarquâmes beaucoup d’officiers de cavalerie bien plus misérables que nous, car presque tous avaient, par suite du froid, perdu les doigts des mains et des pieds, et d’autres le nez ; ils faisaient peine à voir. Je dirai, en faveur des magistrats de la ville, qu’ils faisaient tout ce qu’il était possible de faire pour les soulager, en leur donnant de bons logements et en les recommandant, afin que l’on eût soin d’eux.

Au bout d’une demi-heure d’attente, on nous donna un billet de logement pour nous cinq et pour notre cheval ; nous nous empressâmes d’y aller.

C’était un grand cabaret ou plutôt une tabagie ; nous y fûmes fort mal reçus. On nous désigna, pour chambre, un grand corridor sans feu et de la mauvaise paille. Nous fîmes des observations ; on nous répondit que c’était assez bon pour des Français, et que, si cela ne nous convenait pas, nous pouvions aller dans la rue. Indignés d’une pareille réception, nous sortîmes de cette maison en témoignant tout notre mépris au butor qui nous recevait de la sorte et en le menaçant de rendre compte de sa conduite aux magistrats de la ville.