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que, de quel côté allez-vous ? — Je vais rejoindre mon frère et mes camarades qui suivent la route qui va à la ville ; je ne me rappelle pas son nom, mais c’est la première que je dois rencontrer sur la route. — Je sais, dit le bourgmestre, c’est Wilbalen. Alors nous partirons ensemble, je vous conduirai à une lieue d’ici, dans un endroit où vous trouverez plus de deux cents Cosaques, car je viens de recevoir l’ordre d’envoyer tout ce que je pourrais avoir de foin et de farine dans le village, et d’y aller de suite moi-même. Ainsi, dans une demi-heure, nous partirons. Je vais faire préparer votre cheval et le mien. »

« À peine fut-il sorti, que je mis mes pistolets à ma ceinture et au moins trente cartouches dans mes poches. Mon frère le Cosaque s’attacha le sabre que je lui avais choisi et mit aussi les pistolets à sa ceinture. Un instant après, on vint nous avertir que tout était disposé pour le départ. Je pris le portemanteau du Cosaque, et nous sortîmes.

« À la poste, nous vîmes le bourgmestre en tenue de voyage : il avait une capote brune, doublée en fine peau de mouton, bonnet fourré, bottes idem. Son domestique avait une capote en peau de mouton. J’aidai mon frère le Cosaque à monter à cheval et, pendant que j’attachais le portemanteau, je lui dis, de manière à ne pas être entendu, que, si l’occasion se présentait, il fallait s’emparer du cheval et de la capote du bourgmestre et de celle de son domestique, et nous en vêtir ; que, par ce déguisement, nous pourrions nous sauver ; que, dans la position où nous nous trouvions, il fallait agir avec vigueur et que c’était un coup de vie ou de mort.

« L’on se mit en marche, le domestique en avant comme guide, moi après, et au milieu des deux cavaliers, comme prisonnier. Un peu avant la sortie du village, nous prîmes un chemin à gauche, et, après un quart d’heure de marche, nous arrivâmes à l’entrée d’un petit bois de sapins. Pendant que nous le traversions, je pensais à mettre mon projet à exécution. Lorsque nous l’eûmes traversé, je regardai devant, à droite et à gauche, si je ne voyais rien qui put nous nuire. N’apercevant rien, j’avançai du côté du bourgmestre et, saisissant d’une main la bride de son cheval, et lui présentant un pistolet de l’autre, je l’invitai à descendre