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VI

Une nuit mouvementée. — Je retrouve des amis. — Départ de Smolensk. — Rectification nécessaire. — Bataille de Krasnoé. — Le dragon Melet.


Mon guide avait disparu sans que je m’en aperçoive, de manière que je me trouvai tout à coup désorienté. C’est alors que je regrettai encore d’avoir quitté le régiment. Cependant il fallait prendre un parti et, comme la neige avait cessé de tomber, un instant avant ma descente dans la cave, je regardai si je ne retrouverais pas la trace de mes pas. Puis je me rappelai que je devais toujours avoir le rempart à ma droite. Après quelques moments de marche, je reconnus la place où j’avais rencontré le Badois, mais, pour mieux m’en assurer et la reconnaître lorsqu’il ferait jour, je fis, avec la crosse de mon fusil, deux grandes croix profondes dans la neige, et je poursuivis mon chemin.

Il pouvait être minuit ; j’avais passé près d’une heure dans la cave et, pendant ce temps, le froid avait considérablement augmenté.

Sur ma gauche, j’apercevais bien des feux, mais je n’osais pas me diriger de ce côté, de crainte de me détruire en tombant dans des trous cachés par la neige. Je marchai, toujours en tâtonnant, et la tête baissée, afin de voir où je posais les pieds. Depuis un moment, je m’apercevais que la route descendait, et, un peu plus avant, je la trouvais embarrassée par des affûts de canon que, probablement, on avait voulu conduire sur le rempart. Lorsque je fus dans le bas, il me fut impossible de reconnaître la direction, tant il