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SOUS LA TERREUR

étaient terribles à soutenir. La perspicacité de l’homme habitué au diagnostic s’y devinait, mise au service du fanatisme le plus passionné. Mais je venais de revoir mentalement la scène de tout à l’heure : ma femme à l’agonie sur ce grabat que dominait le tableau de la « Naissance du Christ », avec sa muette éloquence, la Bouveron tremblante à la seule idée de ma visite chez le bourreau de son maître. Manquer de sang-froid, c’était trahir Henriette et mon hôtesse. Ce fut donc avec le calme le plus absolu que je sortis de ma poche le chiffon de papier qui me faisait Suisse et que je débitai mon histoire. Raillard m’écoutait en