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oncle m’a priée de l’excuser. Il a tant à faire pour que nous puissions partir demain sur la Jenny ! … Mon fiancé vient avec nous… »

Ely pouvait-elle mêler à cette joie, dont l’innocence lui faisait mal, un seul des soupirs qui gonflaient son pauvre cœur ? Pouvait-elle davantage laisser soupçonner sa peine à la bonne Andriana, qui arrivait tout heureuse de ce que le valet de pied l’eût introduite en annonçant : « Madame la vicomtesse de Corancez » ? …

— « Eh bien ! » avait dit la Vénitienne, « Alvise a été très gentil. Comme on est enfant d’avoir peur ! Nous nous serions épargné tant de tracas, si je lui avais parlé dès le premier jour ! … Mais, » ajouta-t-elle, « je ne regrette pas cette folie. Ce sera un si doux souvenir… Et j’avais tant monté la tête à Marius qu’il n’est pas rassuré. Qu’est-ce qu’on peut nous faire, à présent, je vous le demande ? … »

Et ce fut ensuite le tour des Chésy, elle toute frémissante de gaieté retrouvée, lui déjà étonnant d’impertinence aristocratique dans son rôle de futur éleveur de l’Ouest :

— « Quand il s’agit de chevaux, ce pauvre Marsh a des idées d’enfant, » disait-il ; « mais il a tant de veine ! Au moment où il entreprend cette spéculation d’élevage, il me trouve… »

— « Enfin, je vais voir les Américaines chez elles ! » disait Yvonne. « Je ne suis pas fâchée de leur donner quelques leçons de vrai chic… »

Comment Ely n’eût-elle pas laissé ce ménage