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avec qui elle s’y retrouve ? Oui ou non, miss Marsh l’accompagne-t-elle ? Oui ou non, si vous aviez un frère, un ami, lui laisseriez-vous épouser une fille dont vous sauriez qu’elle est la complice d’une aventure de cette espèce ? … »

— « Elle n’est la complice d’aucune aventure, » interrompit Ely avec une indignation qu’elle ne dissimulait pas : « Mme Bonaccorsi n’a pas d’amant. » Elle répéta : « Non, Mme Bonaccorsi n’a pas d’amant… Puisque vous m’y avez autorisée, laissez-moi mettre les points sur les i monseigneur… Le 14 de ce mois, vous entendez ? à Gênes, moi qui vous parle, j’ai assisté à son mariage avec M. de Corancez dans la chapelle du palais Fregoso, et miss Marsh y assistait comme moi. À tort ou à raison, ils ont voulu que la cérémonie fut secrète. Ils avaient leurs motifs. Ils ne les ont plus, et voici la lettre par laquelle Andriana me prie d’annoncer officiellement son mariage à Votre Altesse… Vous voyez bien, » elle s’adressait à Verdier, « que Florence n’a jamais cessé d’être la plus honnête, la plus droite, la plus pure des jeunes filles, et combien j’avais raison de dire qu’elle a été calomniée, cruellement, indignement… »

L’archiduc avait pris le billet d’Andriana. Il le lut, puis il le rendit à sa femme, sans commentaires. Il la regarda bien en face, du regard aigu et altier qu’ont si aisément les princes et dont l’impérieuse inquisition lit jusqu’au fond d’une conscience. Il vit qu’elle ne mentait pas. Il regarda Verdier ensuite, mais avec des yeux ou là colère se