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quoi qu’il en doive arriver… J’aurais tant voulu prolonger ce mystère ! C’est si délicieux, notre aventure ! Moi, je suis un romanesque avant tout, un homme de la vieille école, un troubadour… La voir, l’adorer, » il montrait Andriana qui rougissait de plaisir à ces protestations, « et sans autres complices de notre bonheur que des amis comme vous, » il se tournait vers Ely, « comme Pierre, comme miss Marsh, c’était l’Idéal réalisé… Ce sera un autre Idéal mais tout de même un Idéal, que de dire fièrement à tous : c’est moi qu’elle a choisi… Mais, » et il prit un temps pour souligner l’importance de son conseil, « si Corancez est un troubadour, c’est un troubadour qui se pique d’avoir du doigté. Sauf avis contraire, je ne crois pas très sage qu’Andriana et moi allions annoncer notre mariage au prince… Vous me permettez de vous parler franchement, baronne ? D’ailleurs, je n’ai jamais su flatter… Le prince… Comment exprimer cela ? … Enfin le prince… est très prince. Il n’aime pas beaucoup être contrarié, et le sentiment de Verdier pour miss Marsh ne lui plaît guère. Il n’est pas sans connaître leur brouille. Peut-être même a-t-il jugé sévèrement la jeune fille devant son préparateur. Il voudrait le garder au laboratoire, ce garçon. C’est bien naturel : Verdier, paraît-il, a tant de talent ! Bref, tout cela ne peut pas lui rendre bien agréable que de braves gens viennent lui dire : « Vous savez, on a calomnié miss Marsh. Elle a été la confidente de la plus honnête, de la plus