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Si je n’avais pas tant de confiance en lui, je croirais qu’il regrette déjà de s’être lié… »

Contrairement aux craintes exprimées par la sentimentale Andriana, le Provençal ne formula aucune objection lorsque Mme de Carlsberg lui demanda de révéler à l’archiduc et au préparateur tout le mystère — ou toute la comédie — du matrimonio segreto. Son vieux père aurait une fois de plus prononcé la phrase topique : « Marius est un fin merle… » s’il avait pu voir la cordiale condescendance avec laquelle fut accordée cette permission qui marquait pour l’aimable intrigant le terme suprême de ses vœux. Il y a du Grec et du Toscan chez ces Méridionaux du voisinage de Marseille, et ils semblent tous porter écrit dans le fond de leur cœur le dicton où se résume la philosophie Italienne ou Levantine : Chi ha pazienza, ha gloria… Celui-ci avait bien compté rendre le mariage public, aussitôt qu’il aurait une espérance d’être père. Mais consentir à cette publicité sur la prière de la baronne Ely et par dévouement pour une jeune fille calomniée, quelle occasion de se montrer magnanime et pratique ! Et toutes ses complexités de personnage imaginatif et retors se retrouvaient dans le discours qu’il débita aux deux femmes, — sincèrement ou presque :

— « Il faut suivre sa chance, Andriana. C’est ma grande maxime, vous savez. Cette histoire de miss Marsh et de Verdier, c’est pour nous l’indication… Nous devons annoncer notre mariage,