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interrompit Marsh, en esquissant un geste qui commentait cette énergique expression de boxeur. « Et vous lui avez dit qu’elle pouvait s’adresser à moi ? … Son mari veut-il enfin travailler ? … »

— « Elle en était à me demander pour Gontran une place d’intendant chez l’archiduc, » répondit Ely.

— « Mais j’ai son affaire ! » reprit Dickie Marsh vivement. « Une très bonne affaire, encore meilleure pour moi que pour lui ! … Car j’ai un principe : tout service rendu doit d’abord être utile à celui qui le rend. Comme cela, si l’on oblige un ingrat, on est payé d’avance… Voici. Depuis Gênes, nous avons travaillé. Nous avons fondé à Marionville, entre quatre, — « les quatre gros », comme on nous appelle, — une société pour l’exploitation d’une vingtaine de ranches ruinés que nous avons rachetés dans le North-Dakota. Nous avons là des milles et des milles de prairie, sur lesquels nous voulons élever non pas des bœufs, mais des chevaux… Pourquoi des chevaux ? Voici encore. Aux États, ces bêtes ne valent plus rien. Mes compatriotes sont en train de supprimer cette bêtise et cette vanité : la voiture. Les chemins de fer, les tramways électriques et les cars à câble leur suffisent. Vous, en Europe, avec vos armées permanentes, c’est autre chose. Dans cinq ans, vous ne saurez pas comment monter votre cavalerie. Suivez l’affaire. Nous ramassons les chevaux là-bas par milliers, au