Page:Bourget - Une idylle tragique, Plon-Nourrit.djvu/362

Cette page n’a pas encore été corrigée

conclusion : « Cette femme est ici. Il la regrette et il en a peur… Il la regrette : c’est pour cela que nous restons, et qu’il est si malheureux… Il en a peur : c’est pour cela qu’il m’empêche d’aller dans le monde… » Combien de fois, durant cette semaine, avait-elle été tentée de lui crier qu’une telle situation l’humiliait trop, qu’il choisît de vivre pour sa femme ou pour son ancienne maîtresse, qu’elle voulait partir, rentrer à Paris, auprès des siens ! … Et puis, Hautefeuille était là en tiers, cet Hautefeuille qui savait la vérité, lui, certainement. Elle le haïssait de cela davantage à mesure qu’elle souffrait plus de sa propre ignorance… Ou bien si elle était seule avec Olivier, une timidité invincible la terrassait, une honte et une terreur d’avouer comment elle avait découvert le nom de la baronne Ely, cette photographie surprise, croirait-il, par le plus ignoble espionnage. Elle tremblait qu’une irréparable parole ne se prononçât dans cette explication. L’inconnu du caractère de son mari l’épouvantait. Elle avait entendu trop souvent raconter l’histoire de ménages brisés pour toujours dès la première année. S’il allait, dans un accès de colère contre elle, la renvoyer, retourner à l’autre ? À cette idée, la pauvre enfant avait froid au cœur. Elle aimait Olivier ! Et, même sans amour, comment accepter, elle si pondérée, si raisonnable, si simplement honnête et bourgeoise, la pensée de son mariage effondré dans le scandale d’une séparation ? Encore cette nuit, tandis qu’elle écoutait la