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— « Et moi, j’ai si peur d’un contretemps ! » fit la marquise Andriana en secouant sa blonde tête d’un geste doux, qui fit trembler les papillons noirs de son chapeau. « Si Marsh remettait sa partie de yacht ! … »

— « Vous me télégraphieriez, » dit Corancez, « et je vous attendrais à Gênes un autre jour… D’ailleurs, Marsh ne remettra pas sa partie. C’est la baronne Ely qui a choisi le 14, et la femme d’un archiduc, même morganatique, ne se décommande pas comme un simple boscard, fût-on aussi démocrate que le ranchman de l’Ouest qui disait avec un fort shake-hand à une infante d’Espagne : « Very glad to meetyou, Infanta. » C’est Marsh lui-même qui nous a raconté l’histoire, et vous vous rappelez son dégoût ! N’est-ce pas, miss Florence ? »

— « Mon oncle est aussi ponctuel en plaisirs qu’en affaires, » répondit l’Américaine, « et puisque la baronne Ely de Carlsberg est dans le complot…. »

— « Mais si Alvise change d’avis et vient croiser avec nous ? … » reprit la Vénitienne.

— « Ah ! marquise, marquise, » répondit Corancez, « que vous avez le goût de vous construire des cachots en Espagne, toute fille des doges que vous êtes ! … Vous oubliez que le comte Alvise est invité sur la Valila, le yacht de lord Herbert Bohun, to meet S.A.R. Alberto Edoardo, principe