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« Quand Fregoso n’est pas là, son musée devient un simple tas de pierres. Quand il vous le montre, c’est l’Olympe. »

— « C’est un croyant et un amoureux, » reprit la baronne Ely. « Ces quelques heures avec lui m’en ont plus appris sur la Grèce que toutes mes promenades au Vatican, au Capitole et aux Offices. Cela me console de n’avoir pu vous montrer le Palais Rouge, » ajouta-t-elle en s’adressant à Hautefeuille, « et ses Van Dyck. Ils sont adorables. »

— « Vous aurez tout le temps demain, » dit miss Marsh. « Mon oncle partira ce soir, je le connais. Mais il nous laissera tous à terre : la Jenny va danser terriblement ; et il n’admet pas qu’on soit malade sur son bateau. Regardez comme l’eau clapote déjà dans le port. En mer, c’est la tempête. »

Le landau était arrivé sur le quai, à la place où la chaloupe du yacht attendait les voyageurs. De petites vagues se brisaient en effet contre la pierre ; et c’était, dans toute la rade, sous la bise maintenant déchaînée, un hérissement de flots menus, trop faibles pour ébranler les paquebots solides sur leurs ancres, mais qui balançaient les barques de promenade et de pêche. Quelle différence entre ce frisson de la houle grise, sensible même dans ce port fermé de ses deux môles, et le miroir uni de saphir immobile qu’étalait la veille, à cette heure, la baie ouverte de Cannes ! Entre ce ciel tendu de nuages et l’azur du départ,