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mi-voix, quand son oncle et le ménage Chésy furent à quelques pas, dans la direction de l’escalier qui menait au salon, « Ils sont chez eux… »

— « N’en sois pas jalouse, » fit Mme Bonaccorsi. « Ils vont nous être si utiles, à Gênes, pour occuper l’oncle… »

— « S’il n’y avait qu’elle ! » reprit Florence, « elle est amusante et c’est un brave cœur. Mais il y a lui. Je suis une fille de la grande République, tu sais, et je ne peux pas souffrir les nobles qui trouvent le moyen d’être insolents alors qu’ils font un métier de parasites et de domestiques… Et ce qui me fâche le plus, c’est que ce monsieur impose à mon oncle ! … »

— « Chésy est tout simplement le mari d’une très jolie personne et très charmante, » dit Mme de Carlsberg. « On leur permet tout, à cause de leurs femmes, à ces maris-là. Ils deviennent des enfants gâtés. Et un enfant gâté de trente ans, ce n’est jamais bien aimable. Mais je vous assure que celui-ci est un très honnête garçon et très inoffensif… Vous descendez ? Moi je reste sur le pont. Envoyez-nous du thé ici, voulez-vous ? … Je dis : nous, car je vous garde pour me tenir compagnie, » continua-t-elle en se tournant vers Hautefeuille. « Je connais mon Chésy : maintenant que la course est finie, il n’aura pas de cesse qu’il ne vous ait fait refaire dans le yacht le tour du propriétaire. Heureusement, je vous protège… Asseyez-vous là… »