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Toi, Corancez, amoureux, et assez amoureux pour engager ta liberté ! Tu semblais si insouciant, si indifférent ! … Et un mariage secret ! … Mais il ne restera pas secret vingt-quatre heures, ce mariage. Exubérant comme je te connais, tu te racontes toujours tout entier à tout le monde… Enfin, je te remercie de l’affection que tu viens de me montrer, » conclut-il, « et je te promets que je serai ton témoin.. ! »

Il avait pris la main de Corancez, en prononçant ces mots, avec le sérieux simple qu’il mettait aux moindres choses. L’autre avait touché juste, en faisant vibrer la corde de la chevalerie, dans cette âme si instinctivement généreuse. Sans doute, cette simplicité et aussi la candeur confiante que Pierre venait de lui montrer gênèrent le Méridional. Il voulait bien en profiter, mais peut-être éprouvait-il quelque honte à trop abuser cet être si droit et dont lui-même subissait le charme, car à son remerciement il mélangea une confession comme il n’en faisait guère :

— « Et puis, ne me crois pas si exubérant… C’est toujours le soleil qui veut cela… Mais au fond, nous autres, gens du Midi, nous disons toujours ce que nous voulons dire et rien de plus… Nous voici arrivés… Chut ! » fit-il, en mettant son doigt sur sa bouche : « miss Marsh sait tout ; Marsh ne sait rien… »

— « Un mot encore, » répondit Hautefeuille : « je t’ai promis d’être ton témoin ; mais tu me permettras de gagner Gênes de mon côté. Je connais