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dans sa sauvagerie par des Anglais. Corancez fit traverser ce vallon à Hautefeuille ; ils aboutirent ainsi à un point d’où la villa Helmholts se découvrit soudain à leurs yeux. C’était une assez lourde construction à deux étages. Une vaste serre la flanquait sur l’un de ses côtés. L’autre côté s’achevait sur un bâtiment bas, couronné par une cheminée de forme singulière qui fumait en ce moment à toute vapeur. Le Méridional, montrant du geste à son compagnon cette noire colonne qui se détachait sur le ciel bleu et que la brise éparpillait doucement contre les palmiers du jardin :

— « L’archiduc est à son laboratoire, » dit-il : « j’espère que Verdier aura fait aujourd’hui quelque belle découverte, de quoi envoyer une jolie note à l’Institut… »

— « Tu ne crois donc pas que le prince travaille lui-même ? » interrogea Pierre.

— « Pas beaucoup, » fit Corancez. « Tu sais… la science des cousins d’empereur ou leur littérature ! … D’ailleurs, cela m’est parfaitement égal. Ce qui m’est beaucoup moins égal, ce qui ne me l’est même pas du tout, c’est comment il accueillera aujourd’hui sa charmante femme, — car elle est charmante, et elle vient encore de me prouver, dans une circonstance que je te dirai, qu’elle est parfaitement bonne. Tu as entendu ce qu’on disait hier, qu’elle est entourée d’espions ? … »

— « Même à Monte-Carlo ? » dit Hautefeuille.