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de spéculations, à classer l’auteur parmi les philosophes du « devenir. » La nature doit lui apparaître et lui apparaît comme constituée par une série de formes qui s’engendrent les unes les autres et s’écoulent aussitôt qu’elles sont apparues.

Éclair, rêve sinistre, éternité qui ment,
La Vie antique est faite inépuisablement
Du tourbillon sans fin des apparences vaines[1].


C’est, exprimée en d’autres termes, la doctrine que M. Taine expose dans la préface de l’Intelligence : « Une infinité de fusées toutes de même espèce, qui, à divers degrés de complication et de hauteur, s’élancent et redescendent incessamment et éternellement dans la noirceur du vide, voilà les êtres physiques et moraux ; chacun d’eux n’est qu’une ligne d’événements dont rien ne dure que la forme, et l’on peut se représenter la nature comme une grande aurore boréale... »

Maya ! Maya ! torrent des mobiles chimères[2],


s’écrie le poète phénoméniste, avec autant de

  1. Poèmes tragiques.
  2. Poèmes tragiques.