Page:Bourget - L’Écuyere, 1921.djvu/292

Cette page n’a pas encore été corrigée

comique de connaisseur, « mais un peu grêle. »

— « Tous les cerfs de cette forêt ont la tête grêle… Mais voici les chiens… En avant !… Voulez-vous ? » Et, se tournant vers Louise et son père, le joyeux garçon ajouta : « D’Albiac, venez-vous, et vous, mademoiselle Louise ?… Taïaut ! Taïaut !… »

Il avait mis, en jetant ces dernières syllabes, sa monture au galop. Mlle d’Albiac en avait fait autant, son père de même. En quelques foulées, ils avaient rejoint Maligny et son ami. Déjà, les croupes de leurs quatre chevaux disparaissaient dans une allée transversale, tandis que Mme Tournade disait à Hilda :

— « Suivons-les, mademoiselle, je veux que nous les suivions… » C’était la femme jalouse qui parlait. Et, aussitôt : « Ne me quittez pas, surtout… » Cette fois, c’était la quadragénaire, peu habituée à pousser une bête dans son train. « Croyez-vous que nous les rattraperons ?… Où sont-ils ?… » C’était, de nouveau, la femme jalouse. La peureuse ne devait pas tarder à reparaître : « Je ne tiens plus ma bête. Elle me casse les bras… Mademoiselle !… Mademoiselle !… »

Cette interpellation, jetée maintenant d’une voix suppliante, était trop justifiée par l’allure que les deux chevaux, celui de l’amoureuse mûre et celui de sa jeune accompagnatrice, avaient continué de prendre. Au moment où elles arrivaient, à leur tour, vers l’orée de la grande allée transversale, elles avaient, en effet, constaté que le groupe formé par Maligny, Louise d’Albiac et son père s’était évanoui. Par où ? Ce n’était pas un chemin, c’étaient six que les chasseurs avaient pu prendre. Ces premiers cinquante mètres d’avenue servaient d’amorce à plusieurs routes, sur lesquelles s’en embranchaient d’autres. Jules et sa troupe avaient dû tourner par une de ces sentes. Laquelle ? Ils avaient pris, ensuite, un des six embranchements. Lequel ? Hilda Campbell avait