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IV

DÉSILLUSIONS


L’aimable dilettante, si brutalement qualifié par le cocher Gaultier, ne se doutait pas plus des orages soulevés autour de lui, dans la domesticité de la riche veuve, que de la découverte du paquet, comme avait dit le chauffeur, dans son langage emprunté aux clubmen élégants avec lesquels son remarquable talent de mécanicien le faisait fraterniser. Le sac avait beau être très gros, — toujours pour emprunter son style à ce psychologue de l’auto, — Jules n’avait eu de pensée, depuis la veille, que pour son plaisir, représenté d’abord par la partie de chasse, — il y était allé, on se le rappelle, sans se soucier du billet de la riche veuve, — puis par un match de tennis, à Puteaux, où il devait retrouver Mlle d’Albiac. Elle lui avait plu davantage encore à cette chasse, la première de l’année, où il avait retrouvé Corbin, peut-être, — les sensibilités complexes, comme la sienne, ont de ces singuliers effets en retour, — peut-être parce que la présence de l’écuyer avait éveillé en lui de secrets remords. Oui. Peut-être ne s’était-il laissé aller plus librement au charme de sa nouvelle amie, que pour essayer de mieux oublier l’autre, l’abandonnée de la rue de Pomereu ? Cet ensorcellement avait été si vif, qu’ayant su par Louise où elle passait l’après-midi, il avait saisi cette nouvelle occasion de la revoir. Sa fantaisie pour elle s’était encore accrue à la voir