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son préféré. Les chasses à courre commençaient et sa profession auprès de son oncle ne l’eût pas exigé, qu’il les eût suivies toutes, par plaisir. Il était écrit aussi qu’une de ces chasses serait l’occasion de cette maladresse. Une des spécialités de la maison Campbell — ne l’ai-je pas déjà marqué ? — consistait à louer des chevaux à la journée ou au mois aux suivants des divers équipages qui fonctionnaient alors dans un rayon de cent kilomètres autour de Paris. Jack était donc allé, dans la semaine d’avant la Toussaint, conduire, en forêt de Chantilly, deux bêtes qui devaient être essayées par une des châtelaines du pays. Il en était revenu par le dernier train, trop tard pour s’entretenir avec Hilda le soir même. Mais qui l’eût vu, le lendemain, descendre dans la cour dès le patron-minet, eût deviné qu’un événement extraordinaire s’était passé la veille. Corbin visitait bien les stalles les unes après les autres, suivant sa coutume de chaque jour, mais avec une distraction qu’aucun des employés de la maison Campbell n’avait jamais constatée chez lui. Un d’eux était venu lui rapporter qu’il croyait avoir diagnostiqué, chez un cheval nouvellement débarqué d’Angleterre, un commencement de bleime : à peine si Jack se fit montrer le pied de l’animal, lui qui, d’ordinaire, tâtait de ses propres mains tous les paturons de l’écurie. Il faisait, de même, pour toutes les oreilles, afin de s’assurer de leur température. Son esprit était ailleurs, du côté où ses yeux se tournaient sans cesse, d’abord vers les fenêtres de la chambre où dormait Hilda, au premier étage d’Epsom lodge, puis, quand les volets rabattus eurent annoncé le réveil de la jeune fille, vers la porte par où elle apparaîtrait bientôt. Huit heures sonnaient quand elle se montra enfin, habillée déjà de son costume d’amazone. Jadis, c’était un sourire sur les lèvres qu’elle passait le seuil, pour