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— « Je n’ai rien à vous pardonner, monsieur Corbin, » répondit Jules.« Vous ne saviez pas ce qui se passait. C’était très naturel que vous fussiez indigné de mon attitude vis-à-vis de votre cousine, après la conversation que nous avions eue… Laissons cela. Je ne vous en veux d’aucune manière. Il n’y aura donc pas d’empêchement, du moins de ma part, à ce que nous nous voyions, et demain et les autres jours… »

— « Je quitte Paris, » répliqua Corbin. « Mon oncle a besoin, depuis longtemps, que j’aille en Angleterre acheter des chevaux, je ne partais pas à cause de Hilda. Je n’ai plus de raison de rester. Je serai à Londres dans vingt-quatre heures. »

— « Mais vous en reviendrez, et bientôt, j’espère ?… » interrogea Jules.

— « Je ne reviendrai pas. » répondit Corbin. « Hilda va devenir comtesse. Elle devra habiter ici… » Il montra, de sa cravache, la porte cochère de l’hôtel. « Moins elle aura de parents comme moi à recevoir, mieux cela vaudra, pour vous et pour elle… Vous direz à madame votre mère, si vous lui avez déjà parlé du cousin, que cette objection est levée. Le cousin ne paraîtra pas au mariage. Je m’arrangerai pour que nos autres parents d’Angleterre ne viennent pas non plus. Ils n’y seraient pas à leur place. Il n’y a que l’oncle Bob qui devra absolument être là. Mais l’oncle Bob, quand il n’a pas bu, peut être tout à fait un gentleman. Et il ne boira pas le matin du mariage. Adieu, monsieur de Maligny. Vous avez raison de faire de Hilda une lady. Elle en a toujours été une, même quand elle n’était qu’une pauvre miss Campbell, simple cousine d’un pauvre Jack Corbin… »

Et, avant que son interlocuteur eût pu lui répondre, il avait mis le pied à l’étrier, assuré ses rênes, enfourché sa monture et il était parti au grand trot. Jules le regarda filer du côté du boulevard des