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encore ?… J’irai au journal. Il faudra bien qu’on me dise le nom de ce drôle. Ou bien, je soufflette le directeur, et je me bats avec lui… »

« Non-sens, » dit Corbin. (Vous reconnaissez le nonsense qui, dans le vocabulaire anglais, signifie absurdité.) Puis manquant, pour une fois, à ses habitudes du parler monosyllabique ou presque, — tant il attachait d’importance à sa démarche et à la circonstance qui l’y déterminait. — « Ce sera un autre aliment pour le gossip voilà tout. »(Vous reconnaissez un nouvel anglicisme et le synonyme à demi argotique de notre potin.)

— « Vous avez raison, » répondit le jeune homme, et, toujours indigné : « On ne peut cependant pas laisser passer de pareilles abominations sans corriger des brigands qui ne respectent rien, pas même l’honneur d’une jeune fille. »

— « Pourquoi vous êtes-vous conduit comme l’un d’eux, alors ? », interrompit Jack brutalement.

— « Que voulez-vous dire ?… » interrogea Jules, qui se sentit rougir de colère à cette insolence.

— « Ce que je dis. »

— « Vous vous trompez, monsieur Corbin, » reprit Maligny, « si vous croyez qu’il y ait jamais eu quoi que ce soit de répréhensible dans mes relations avec miss Campbell… » Et la fierté naïve achevant de l’emporter, chez lui, sur son parti pris de ménager, dans le cousin de Hilda, le personnage le plus capable, s’il s’en faisait un ennemi déclaré, de contre-carrer ses projets : « Je vous défends, » ajouta-t-il, non moins brutalement que l’autre lui-même, « je vous défends, entendez-vous ? de les calomnier, ces relations… Celui qui a écrit cet article a tout inventé, de toutes pièces. Miss Campbell a dû vous le dire, si seulement elle a compris les turpitudes de ces insinuations. »