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pour essayer de refaire la « Chronique » et les« Echos » qui réussissaient dans leur jeunesse. Une main perfide avait encadré au crayon rouge un paragraphe de la première page, jeté, entre d’autres tout pareils, dans une colonne étiquetée : À travers Paris, et signée : La Casserole. Jules de Maligny put lire sous ce titre : Ce que l’on voit au Bois de Boulogne…, les lignes suivantes :

« Ce que l’on voit au Bois de Boulogne ?… Par ce joli mois de mai, des feuilles aux arbres, des fleurs dans les taillis, des oiseaux sur les branches… Et des amoureux, des amoureux !… La Casserole a retrouvé là un jeune gentilhomme dont la disparition, depuis ces quelques mois, a fait bavarder bien des jolies bouches et soupirer bien des tendres cœurs… Consolez-vous, mesdames, le charmant J… de M… n’est pas mort. Il est plus vivant que jamais, et en train de donner des leçons de français à l’une des plus jolies et des plus blondes misses que nous ait envoyées l’Angleterre. Avec un professeur aussi distingué, la miss, qui sait déjà trotter et galoper, apprendra aussi à marcher. Nous saluons d’avance, en elle, une des plus ravissantes Belles-Petites que le Tout-Cythère aura recrutées, dans ces dernières années. À quand le petit hôtel et la crémaillère ?… »

— « Quelle infamie !… » s’écria Jules après avoir parcouru du regard ces vingt lignes, aussi imbéciles qu’abominables. Il devait toujours ignorer quelle rancune ou contre lui ou contre Hilda s’était assouvie par cet entrefilet. Mais, sur le premier moment, il n’acceptait pas cette ignorance, et il continuait : « Je saurai quel est le polisson qui a commis cette, ordure… Et on a osé l’envoyer à miss Campbell,