Page:Bourgeois - Le spectre du ravin, 1924.djvu/88

Cette page a été validée par deux contributeurs.
86
LE SPECTRE DU RAVIN

entièrement détruites par le feu et la foudre. Le vent avait vite balayé les débris et les avait jetés dans le Golfe Saint-Laurent. La pluie avait lavé le Rocher ; des habitations de jadis, il ne restait plus trace.

Malgré ce désastre cependant, nos amis revenaient fidèlement, chaque année sur leur cher Rocher et, abrités sous des tentes, passaient quelques semaines, en toute liberté, se remémorant les événements tristes ou joyeux qui avaient eu lieu sur cette île, maintenant désolée.

Ce dernier coup d’œil n’est-il pas tout à fait satisfaisant ?… Ceux que nous avons connus et aimés sont, tous, aussi heureux qu’il soit possible de l’être ici-bas.

Nous ne pourrions terminer ce récit d’une manière plus… convenable, et plus… digne, nous semble-t-il, qu’en citant quatre vers du Capitaine Brunel, l’éternel rimeur.

C’était à l’occasion d’un grand banquet que donnaient les Bahr, pour fêter le dixième anniversaire de leur fils Guy.

— Un discours, Capitaine Brunel ! s’était écrié l’incorrigible Maurice.

— Oui ! Oui ! Un discours, Capitaine Brunel !

Sans se faire prier, le Capitaine Brunel s’était levé.

— Mesdames et Messieurs, avait-il dit,


À ceux qui subissent, sans plainte.
Et les épreuves et les croix,
Toujours, la Providence Sainte
Accorde des grâces de choix.


— FIN —