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ajoutent que toute circonstance est bonne, tout effort légitime qui hâte l’avènement de la liberté…

« Que voilà un pauvre raisonnement, une méthode sommaire et négligeable ! Du mal ne peut germer que du mal, et, pour le philosophe, la guerre ne sera jamais une condition nécessaire de la paix. La Russie n’est qu’une part de l’univers habité ; au-dessus d’elle, il y a l’humanité ; au-dessus de l’humanité elle-même, il y a le principe de vie ; et c’est l’atteinte portée au principe de vie et à la loi éternelle qu’il faut considérer d’abord. De ce sommet, qu’est le sort particulier de la Russie ? Allons-nous lui subordonner les intérêts essentiels de la vie, les imprescriptibles devoirs moraux ? Négligerons-nous, pour cela, que toute bataille livrée en un point de l’univers a sur l’univers entier des répercussions terribles, et que, bien plus loin que les balles et les obus, elle répand sur toute la terre la contagion du meurtre ?… Tous ces raisonnements sont puérils. Tenez, quand j’écoute ces Russes aveugles, je pense à un assassin qui, ayant