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le 6 février, avait frappé la Russie en pleine quiétude. Deux jours plus tôt, le 4, le gouvernement avait expédié à Tokio un mémoire dont il espérait un si grand avantage qu’il en avait préalablement télégraphié la bonne nouvelle aux chancelleries européennes, et il en attendait mollement le résultat avec une confiance satisfaite. Il croyait nonchalamment à la toute puissance de sa volonté pacifique et à l’efficacité de notes dilatoires où il promettait et accordait au Japon toutes choses, hormis l’essentielle, la neutralité de la Corée et l’évacuation de la Mandchourie, lesquelles, par une fâcheuse rencontre, faisaient justement l’objet du conflit. Cependant ses protestations de paix n’étaient point des artifices de langage : elles étaient ardentes et sincères, et, parce qu’elles étaient sincères, il les pensait décisives, oubliant que, s’il faut être deux pour se battre, il suffit aussi du geste d’un seul pour déchaîner la bataille.

Quant au peuple, il ignorait tout. Depuis près de six mois, les négociations se poursuivaient : pas une fois, le Messager Officiel,