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de la Russie, l’effet de sa victoire aura chez les peuples incertains et ondoyants de toute l’Asie, un retentissement qui ne peut être calculé. Il importe peu que le Japonais doive ses succès à des qualités absolument contraires à celles de l’Asiatique. Géographiquement, les îles nippones sont en Asie. Cela suffit au Babou pour qu’il triomphe avec les marins de Togo et les soldats de Kuroki. Et, dans ses parlotes comme dans ses journaux, dans ses clubs et dans ses écoles, il s’exalte à montrer les similarités entre les débuts du relèvement japonais et l’œuvre de la civilisation de l’Inde par le Babou.

L’observateur superficiel peut se contenter de rire de ces symptômes. Ceux qui sont responsables du gouvernement de l’Inde ne sauraient faire autrement que de les prendre en considération. Ni la communauté de race, ni la communauté de langage, ni même celle de couleur ne sont nécessaires pour que les peuples civilisés ou conquis par l’Europe prennent leur part dans la lutte russo-japonaise. Il suffit que l’un des adversaires ne soit pas européen pour qu’ils soient avec lui. Cela est vrai, non seulement de l’Inde, mais de tous les pays où il y a une domination blanche et une classe indigène un peu instruite. Non seulement cela est vrai, mais cela est naturel. Il serait vain de s’indigner. Mais il faut le savoir.