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L’ambition de son cœur, la passion de sa vie, c’est l’argent, ce sont les jouissances que donnent, je ne dis pas même l’emploi de l’argent, mais la conquête et la possession de l’argent. Ils ignorent les arts, ils méprisent la beauté désintéressée. Par surcroît, les voici impérialistes. Ils pouvaient, sans péril pour leur existence nationale, rester des pacifiques ; il leur a fallu une flotte, une armée ; ils se sont mis en quête de l’Espagne, pour la combattre, et ils commencent à défier l’Europe. N’est-ce pas, dans le monde, un grand objet de scandale, que la révélation des appétits conquérants d’un peuple tout neuf, que n’entraîne nul atavisme guerrier, et n’est-ce pas, pour vous, un grand sujet d’amertume ?

— Je sais bien ce que l’on reproche habituellement aux Américains, et je sais qu’ils méritent en partie ces reproches. Il est très vrai que l’Américain d’affaires n’agit qu’en vue de l’argent, qu’il vit autour de ses milliards. Mais le peuple entier est-il vraiment pareil à celui-là, et peut-on lui faire porter la responsabilité des passions avides de la