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— À quoi bon ? Que pourrais-je dire qui ne fût du bavardage ? Du reste, j’ai lu aussi dans le même journal la réponse que mon fils, qui est au Caire, a faite à cette lettre. Cette réponse est assez sage et j’y souscris

    besoin aussi de charpie, et que les petites mains des mousmés ont raison d’en faire pour les hôpitaux de Nagasaki ou de Yokohama. »

    M. Jules Claretie ajoutait en un autre endroit : « Je voudrais entendre ce que dit aux siens, sous la lampe, le penseur de la Sonate à Kreutzer, l’écrivain de la Guerre et la Paix. Russe, son cœur de Russe et d’ancien soldat doit battre d’émotion en songeant à ses compatriotes qui combattent sous la croix de Saint-André… Qui sait si, en dépit de telles idées et des faits, plus cruels que ces idées, vous ne croyez pas encore à l’universelle paix entre les hommes de bonne volonté ? Qui nous dira ce que votre œil de visionnaire entrevoit dans la fumée des incendies et par-dessus les tas d’agonisants ?

    « Le monde voudrait le savoir. Un de vos admirateurs vous le demande. Comment votre cœur de patriote accommode-t-il ses devoirs avec vos sentiments de philosophe ? Je suis certain que, plus d’une fois, vous contemplez votre épée de 1854, suspendue depuis longtemps à quelque panoplie inutile, et que l’apôtre du pardon suit de loin les plis du drapeau, dans la lumière, dans la lutte, au-dessus des charniers… Le soldat, j’en suis sûr, s’est réveillé dans le penseur. »

    (Le Temps, 19 février 1904).