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retentissante. Dès lors pourquoi ne serait-il point gai ? L’homme triste est celui qui n’agit pas.

Et, quoi que l’on veuille, son puissant génie est-il autre chose que le génie d’un homme ? Tolstoï est un homme. « On ne s’imagine d’ordinaire Platon et Aristote qu’avec de grandes robes, disait Pascal, et comme des personnages toujours graves et sérieux. C’étaient d’honnêtes gens, qui riaient comme les autres avec leurs amis : et quand ils ont fait leurs lois et leurs traités de politique, ç’a été en se jouant et pour se divertir. » Ce n’est pas pour se divertir que Tolstoï est un philosophe, un moraliste, un apôtre. C’est pour une tâche merveilleuse et dans une passion de générosité si splendide que son cœur douloureux gémit de toute la souffrance humaine, comme s’il l’enfermait toute en lui seul. Mais une fois accompli le devoir du jour, Tolstoï redevient un homme débonnaire et d’humeur volontiers joyeuse.

Cette fois, à cette question qui sans doute lui parut extrêmement saugrenue, il riait franchement, sa belle tête renversée en