Page:Bourdon - En écoutant Tolstoï.djvu/137

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’il recule ? N’y a-t-il pas des heures où l’on peut se poser cette angoissante question ? L’Angleterre, quand elle ravage le Transvaal, ne peut-on pas dire qu’elle est en état de régression ?

— Qu’a-t-elle fait de pire que les peuples en appétit de colonisation ?

— Rien de pire, sans doute. La France, l’Allemagne, la Russie, l’Italie, toutes, je vous l’accorde, toutes les nations agissant de même. Mais où trouvez-vous, dans l’œuvre colonisatrice de l’Europe, une pensée de vraie civilisation ? C’est là pourtant qu’il faudrait la chercher. Les inventions modernes ne prouvent rien pour le développement de la moralité humaine. Je ne suis pas du tout sensible aux chemins de fer, au télégraphe, au téléphone, à toutes ces conquêtes par lesquelles l’homme pense démontrer le progrès, et qui n’attestent chez lui qu’une jouissance plus raffinée. Nous nous émerveillons des Pyramides, et nous nous demandons : « Pour quel but ces prodigieux amoncellements de pierres ? » Toutes ces inventions de la civilisation sont nos Pyramides ; peut-être,