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demander si en passant de la première à la seconde de ces deux conceptions, il y a eu véritablement un progrès de l’esprit humain.

Il est évident cependant que, très inférieure à la première, en ce sens qu’elle enlevait au spectacle des choses toute la fraîche poésie dont l’imagination des hommes l’avait tout d’abord revêtue, la seconde est cependant sensiblement supérieure parce qu’elle marque un pas vers l’affranchissement du préjugé antiscientifique par excellence, le préjugé anthropomorphique, c’est-à-dire la croyance que la nature est pleine d’intentions à l’égard de l’homme, que l’homme est en somme le centre et la fon de l’univers. En substituant aux causes personnelles et vivantes de l’ancienne explication théologique des causes impersonnelles et abstraites, dont l’action devait être constante, l’explication nouvelle marquait la ruine de mille superstitions Le feu, du moment qu’il est expliqué par le phlogistique, n’est plus un dieu qu’on adore, auquel on fait des prières et des sacrifices : il est une force, selon les cas, bonne ou mauvaise, à laquelle l’homme peut sans sacrilège s’attaquer soit pour l’utiliser, soit pour la combattre. Dans le fait, toute la science du moyen âge n’est qu’une tentative pour pénétrer le secret