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des caprices, mais doués d’une puissance supérieure, proportionnée à la grandeur des phénomènes qu’il s’agissait d’expliquer, tel a dû être le premier usage de la faculté de raisonner appliquée à l’interprétation de la nature. Quoi de plus simple, en effet, de plus spontané chez l’homme que la conception de ces causes surnaturelles en tout semblables, à la puissance près, à lui-même, c’est-à-dire au seul être qu’il sait, ou pour mieux dire qu’il sent capable de produire en dehors de lui-même des changements, qu’il reconnaît immédiatement comme cause? Faisons la part aussi de la crainte que l’homme devait éprouver en présence de ces manifestations grandioses des forces naturelles et de l’impulsion que ce sentiment ne pouvait manquer de donner à son imagination, spontanément portée d’ailleurs aux représentations concrètes.

Le premier mode d’explication des phénomènes a donc été une explication toute théologique. Les mythologies antiques ne sont en somme que des théories de la nature à l’usage d’intelligences dominées par la sensation et le besoin d’imaginer. La première forme, et la plus naturelle, de cette interprétation théologique, est le fétichisme. Le polythéisme grec n’est qu’une transformation