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entre dans les maisons dont la puanteur est extrême ; il y réconcilie les pécheurs couchés avec des morts sur le même lit, les console, les encourage et sacrifie tout à la douceur inexprimable de les voir mourir chrétiens. Les secours spirituels qu’il prodiguait aux malades étaient d’autant plus précieux qu’ils ne tardèrent pas à devenir rares par la mort d’un grand nombre de prêtres qui, dans l’exercice de leurs périlleuses fonctions, avaient trouvé sous ses yeux le martyre et la couronne de la charité… En même temps, il répand entre les mains des pauvres, tourmentés par la famine, tout ce qu’il a d’argent. Il se prive du nécessaire pour fournir à leurs besoins.

Il se montre partout où le danger l’appelle ;
Partout où le fléau semble le plus affreux,
Il vole, et ses secours sont au plus malheureux,

a dit admirablement le poète[1]. Afin qu’aucun ne fût oublié, il réunit tous les indigents qui se présentent dans une vaste enceinte où, pendant plusieurs mois, chaque jour, il leur rend visite pour leur distribuer ou leur faire distribuer les secours dont ils ont besoin.

Le fléau cependant continuant ses ravages, le pieux prélat, convaincu que de Dieu seul on pouvait obtenir la cessation d’une telle calamité, résolut de consacrer, par un vœu solennel sa personne et son diocèse au Sacré-Cœur de Jésus. Ce fut dans ce but qu’il publia le Mandement dont nous avons donné plus haut un extrait, et il fixa au 1er novembre, jour de la Toussaint,

  1. Millevoye. La Peste de Marseille (poème).