Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/54

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quand la raison s’éveille qu’il faut alléguer d’anciens priviléges et des préjugés absurdes… je louerai les électeurs de Paris qui les premiers ont conçu l’idée de faire précéder la Constitution française de la Déclaration des droits de l’Homme. »

C’était faire un peu vite bon marché de toute autorité même la plus légitime et l’on sent trop dans ce langage le bourgeois gonflé de sa soudaine importance qui faisait dire à Bailly avec un étonnement naïf, en entrant, le 21 avril, dans la salle des Feuillants : « Je crus respirer un air nouveau et je regardai comme un phénomène d’être quelque chose dans l’ordre politique par ma seule qualité de citoyen. »

Le 3 juin 1789, Bailly fut nommé doyen ou président des communes. Lors de la séance royale du 23, Louis XVI qui, avec tant de grandes vertus, manquait de la première qualité de l’homme d’État, la décision, termina son discours en disant : « Je vous ordonne, messieurs, de vous séparer tout de suite. »

Les membres des deux premiers ordres pour la plus grande partie, s’inclinant devant cette expression de la volonté royale, se retirèrent pendant que les députés des communes restaient tranquillement à leurs places. Le grand maître des cérémonies l’ayant remarqué, s’approcha de Bailly, et lui dit :

— Vous avez entendu l’ordre du roi, monsieur.

— Je ne puis pas ajourner l’assemblée sans qu’elle ait délibéré, répondit Bailly.

— Est-ce bien là votre réponse et dois-je en faire part au roi ?

— Oui, monsieur ! répliqua le président, et s’adres-