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qui sera nécessaire pour la nourriture et l’habillement à la manière des Frères et des Sœurs dudit Hôtel-Dieu, quelle que soit leur manière d’être et dans quelque état qu’ils deviennent et se trouvent. »

Cet acte est intéressant à rappeler sous plus d’un rapport : il fut passé en plein moyen-âge, dans ces temps si fort décriés et souvent calomniés par certains écrivains de peu de science ou de peu de bonne foi. Il montre la sollicitude dont les pauvres, ces membres souffrants de Jésus-Christ, étaient l’objet alors ; car ce n’est pas à l’établissement, c’est aux pauvres mêmes, qu’on y soignait et entretenait en grand nombre, qu’est faite la donation ; les bons Frères ne sont là que leurs représentants ; c’est en leur nom qu’ils acceptent et aux conditions si touchantes qu’on a vues. Cet acte prouve encore que l’aisance, la richesse même, n’étaient point en ce temps, comme on est porté à le croire, le partage uniquement des classes supérieures, de la noblesse en particulier, puisque de petits bourgeois de Paris, en exerçant une industrie assurément des plus modestes, avaient pu acquérir une fortune si considérable même pour l’époque.

Une partie de ces terrains, restés la propriété de l’hospice, fut vendue, au mois de novembre 1840, pour la somme énorme de 3,075,800 fr., à MM. Maufra et Pène ; ce dernier fut autorisé, par ordonnance royale du 10 janvier 1842, à ouvrir sur cet emplacement une rue nouvelle, dite rue Geoffroy-Marie, en souvenir du cordonnier et de sa femme, les anciens et généreux donataires. On ne saurait trop applaudir à cet acte de gratitude pour les deux pauvres bourgeois du treizième