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médecin en chef de l’hôpital du Val-de-Grâce, puis inspecteur général du service de santé des armées. Envoyé en Espagne en 1805, pour étudier l’épidémie qui, l’année précédente, avait fait de cruels ravages à Cadix, Malaga et Alicante, il suivit les armées françaises en Prusse, en Pologne, en Autriche, « où il fit preuve du plus rare talent joint au plus sincère dévouement » dit Feller.

Dans cette désastreuse campagne de 1812, fait prisonnier pendant la retraite, il écrivit à l’empereur Alexandre pour demander sa liberté en invoquant la bienveillance que pourraient lui mériter les services rendus par lui aux blessés de toutes les nations. Alexandre effaça sur la demande le mot bienveillance qu’il remplaça par celui de reconnaissance, et Des Genettes, rendu à la liberté, fut reconduit aux avant-postes français avec une garde d’honneur.

Alexandre sans doute n’ignorait pas la fermeté dont Des Genettes avait fait preuve tout récemment dans l’intérêt de l’humanité vis-à-vis de l’empereur Napoléon.

Celui-ci, après l’entrée des Français dans Moscou, eut l’idée de transformer en caserne un hospice destiné aux Enfants-Trouvés. Des Genettes en est averti ; aussitôt il se présente à l’empereur et réclame avec énergie contre la mesure projetée. Sous le coup de son émotion, à ce qu’on raconte, il termine en disant :

« Si les soldats prennent la place des malheureux orphelins, que deviendront ces derniers ? Ne se trouveront-ils pas sans asile et ne vous exposez-vous pas, sire, à ce que la postérité plus tard parle de vous comme elle fait d’Hérode.