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ne put le retenir en France, il donna une recette dont on userait tant qu’il vivrait. Et bien dit au roi de France et à ceux qui de lez lui étaient :

« Si très tôt que cette petite fistule laira (cessera) de couler et sèchera, vous mourrez sans point de remède, mais vous avez quinze jours au plus de loisir pour vous aviser et penser à l’âme. Bien avait le roi de France retenu toutes ces paroles ; et porta cette fistule vingt-trois ans, laquelle chose par maintes fois l’avait fort ébahi… Si quand cette fistule commença à sécher et non couler, les doutes (craintes) de la mort lui commencèrent à approcher. Si ordonna, comme sage homme et vaillant qu’il était, toutes ses besognes. » (Froissart : Livre II.)

Froissart mourut à Chimay vers 1410. D’après un vieux manuscrit découvert dans cette ville : « Son corps est ensepulturé à Chimay, en la chapelle où sont les fonts baptismaux. » Après sa mort, on fit beaucoup de vers à sa louange, nous citerons seulement une de ces pièces en façon d’épitaphes.

                       HONORARIUM.
    Gallorum sublimis honos et fama tuorum,
    Hic, Froissarde, jaces, si modò fortè jaces.
    Historiæ vivus studuisti reddere vitam,
    Defuncto vitam reddet at illa tibi.

« Froissart, qui fut la gloire et l’honneur des Gaules, gît ici, supposé qu’il soit mort. Vivant, ô Froissart, tu t’étudiais à rendre la vie à l’histoire, et celle-ci, quand tu n’es plus, fait de même pour toi. »

Froissart n’était pas seulement prosateur excellent