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Tout sort de son sein, tout y entre et rien ne s’y perd. Toutes les semences qui y retournent se multiplient. Confiez à la terre des grains de blé, en se pourrissant, ils germent, et cette mère féconde nous rend avec usure plus d’épis qu’elle n’a reçu de grains. Creusez dans ses entrailles, vous y trouverez la pierre et le marbre pour les plus superbes édifices. Mais qui est-ce qui a renfermé tant de trésors dans son sein, à condition qu’ils se reproduisent sans cesse ? Voyez tant de métaux précieux et utiles, tant de minéraux destinés à la commodité de l’homme… C’est du sein inépuisable de la terre que sort tout ce qu’il y a de plus précieux. Cette masse informe, vile et grossière, prend toutes les formes les plus diverses ; et elle seule donne tour à tour tous les biens que nous lui demandons. Cette boue si sale se transforme en mille beaux objets qui charment les yeux. »

L’auteur nous montre ensuite les plantes, herbes, fleurs, arbres, arbustes qui sortent du sol et font à la terre une si admirable parure ; puis il continue : « Regardons maintenant ce qu’on appelle l’eau. C’est un corps liquide, clair et transparent. D’un côté, il coule, il échappe, il s’enfuit. De l’autre, il prend toutes les formes des corps qui l’environnent, n’en ayant aucune par lui-même. Si l’eau était un peu plus raréfiée, elle deviendrait une espèce d’air, toute la face de la terre serait sèche et stérile. Il n’y aurait que des animaux volatiles : nulle espèce d’animal ne pourrait nager, nul poisson ne pourrait vivre ; il n’y aurait aucun commerce par la navigation. Quelle main industrieuse a su épaissir l’eau en subtilisant l’air, et distinguer si bien ces deux espèces de corps fluides ? Si l’eau était un peu plus raréfiée, elle