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Après avoir raconté les visites du bon curé apportant, chaque année, le 6 mai, jour anniversaire de l’opération, à Dupuytren son petit cadeau : « son inévitable panier et ses inévitables poires et poulets, » M. Nadar termine par le récit de la mort du grand chirurgien, récit des plus émouvants dans sa brièveté :

L’amélioration n’était qu’apparente et Dupuytren le sentait bien. Il se voyait mourir et avait compté ses instants. Son caractère devint plus inexpansif et plus sombre à mesure qu’il approchait du terme fatal… Tout à coup il appelle M…, son fils adoptif, qui veillait dans un cabinet voisin.

— M…, lui dit-il, écrivez au curé de ***, près Nemours, vous savez l’adresse :

« Mon cher abbé,

Le docteur a besoin de vous à son tour. Venez vite : peut-être arriverez-vous trop tard :

Votre ami,

Dupuytren. »

« Le petit curé accourut aussitôt. Il resta longtemps enfermé avec Dupuytren. Nul ne sait ce que tous deux se dirent ; mais quand l’abbé sortit de la chambre du mourant, ses yeux étaient humides, et sa physionomie rayonnait d’une douce exaltation. Le lendemain, Dupuytren appelait auprès de lui l’archevêque de Paris (Mgr de Quelen).

Le jour de l’enterrement… l’église Sainte-Eustache eut peine à contenir le cortége. Après le service, les élèves portèrent à bras le cercueil jusqu’au cimetière.

« Le petit prêtre suivait le convoi en pleurant. »