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rurgien. Il usa également de sa haute influence pour écarter les obstacles qui empêchaient qu’il ne fût reçu à l’Institut où la mort de Percy laissait une place vacante. Dupuytren, pour qui les biographes en général se montrent sévères, prouva qu’il comprenait la reconnaissance et de la façon la plus large ; car, après la Révolution de 1830, apprenant que le roi Charles X, dans l’exil, se trouvait à la veille de manquer d’argent, il lui écrivit spontanément :

« Sire, grâce en partie à vos bienfaits, je possède trois millions, je vous en offre un, je destine le second à ma fille, et je réserve le troisième pour mes vieux jours. »

M. Richerand, dans la Biographie universelle, nie d’un ton assez aigre ce trait si honorable pour son confrère : « En remontant à la source de cette anecdote, dit-il, on s’est bientôt convaincu qu’elle n’avait aucun fondement : c’était une de ces rumeurs adroitement propagées et qui n’étaient pas inutiles à sa renommée et à ses succès. »

Pourtant dans sa Notice publiée ultérieurement[1], M. Malgaigne maintient le fait en s’appuyant du témoignage si considérable de M. Cruveilhier : « Dupuytren, dit-il, écrivit une lettre ainsi rapportée par M. Cruveilhier. » Or, on ne voit point que celui-ci ait démenti l’affirmation. On ne saurait d’ailleurs suspecter Malgaigne de partialité en faveur de Dupuytren, au contraire, car il dit de lui entre autres choses : « Pour réaliser ces idées de suprématie qu’il nourrissait dès sa jeunesse, il

  1. Biographie nouvelle, 1858.