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a-t-il représentés, toujours tels qu’ils doivent être, toujours uniformes avec eux-mêmes, et jamais ne ressemblant les uns aux autres ? Parmi tout cela une magnificence d’expression proportionnée aux maîtres du monde qu’il fait souvent parler, capable néanmoins de s’abaisser quand il veut, et de descendre jusqu’aux plus simples naïvetés du comique, où il est encore inimitable. Enfin ce qui lui est surtout particulier, une certaine force, une certaine élévation qui surprend, qui enlève, et qui rend jusqu’à ses défauts, si on peut lui en reprocher quelques-uns, plus estimables que les vertus des autres : personnage véritablement admirable et né pour la gloire de son pays… La France se souviendra avec plaisir que, sous le règne du plus grand de ses rois, a fleuri le plus grand de ses poètes… »

Ainsi s’exprime l’auteur de Britannicus, à la vérité dans un discours académique et qui ne permettait guère que l’éloge, outre que, dans la bouche de Racine, on eût trouvé déplacées les réserves que le moraliste, après une large part faite à la louange, ne craint pas d’accentuer en ces termes : « Dans quelques-unes de ses meilleures pièces il y a des fautes inexcusables contre les mœurs ; un style de déclamateur qui arrête l’action et la fait languir ; des négligences dans les vers et dans l’expression qu’on ne peut comprendre en un si grand homme. »

La Bruyère, ce que je ne crois pas, aurait tort de parler ainsi et Racine n’eût pas exagéré quelque peu dans la louange que notre première observation ne nous paraîtrait que mieux fondée. Ce sera pour nous un sujet d’éternel regret que l’impérissable génie de Corneille ne