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vrir de l’or. Or, « au moment où il se préparait à revoir sa patrie et à lui porter les vérités qu’il avait conquises, on lui enlève une cassette qui renfermait ses journaux et l’argent destiné pour son voyage. Il fait publier sur-le-champ qu’il consent à perdre la somme entière, pourvu qu’on lui rende ses papiers. La condition fut acceptée, et, malgré la perte d’une somme considérable, il crut en effet avoir retrouvé son trésor[1]. »

Son courage égalait son désintéressement. Dans son voyage du Levant, plutôt que de livrer au cadi de Baffa un dépôt d’argent qui lui avait été confié, on le vit se défendre contre soixante hommes, braver les coups de fusil, le canon même, enfin traîné devant le cadi, lui en imposer par sa fermeté, lui arracher des excuses par ses menaces ; en un mot faire respecter les droits de la propriété dans le pays des usurpations et ceux de la liberté dans le séjour de l’esclavage.

Après dix années d’absence, La Condamine revit l’Europe où il ne tarda pas à publier le résultat de ses observations. Mais ce Mémoire fut attaqué violemment par Bouguer avec lequel, pendant le voyage, s’était brouillé La Condamine. Celui-ci, dans sa réponse plus malicieuse que passionnée, mit les rieurs de son côté, ce qui lui donna gain de cause.

  1. Éloge de La Condamine, par Delille.